Il y a des artistes qui sculptent des héros, des monstres, des mythes. Et puis il y a Ayako Kita, qui sculpte… le moment où vous rentrez chez vous, que vous allumez la lumière, tirez un rideau, posez vos clés, et sentez votre cerveau passer de “mode extérieur” à “mode intérieur”. Sauf qu’elle le fait avec un duo de matériaux qui, sur le papier, n’étaient pas censés devenir de la poésie : cyprès japonais (hinoki) + résine acrylique transparente.
“My boundaries” (2021)
Une expo comme un “plan-séquence” domestique
Sa série “The End of the Day Begins” (exposée à FUMA Contemporary Tokyo du 18 au 29 novembre 2025) assemble des scènes “après la porte” : ces petits gestes banals qui, une fois isolés, ressemblent à des rituels presque solennels.
“Today Ends Here” (2025)
L’idée est claire : capturer le passage, ce seuil mental où la journée se termine… et où autre chose commence (fatigue, réflexion, inquiétude douce, ou juste l’envie de céréales). Dans sa déclaration, Kita explique vouloir créer un monde où toutes les pièces s’enchaînent comme une histoire continue, et elle revient à l’association figure + mobilier/éléments architecturaux, déjà explorée à ses débuts.
“Shut Down” (2025)
Pourquoi le bois + la transparence s’accordent bien
Techniquement, ce qui frappe, c’est la façon dont Ayako Kita oppose deux comportements physiques :
• Le bois : matière “vivante”, veinée, chaude, qui porte le geste (outil, coupe, fibre).
• La résine acrylique (type PMMA) : matière froide, optique, qui laisse passer la lumière, révèle les volumes internes et donne cet effet de “temps figé”.
“Night Falls” (2025)
Kita a longtemps combiné bois sculpté + résine époxy coulée en moule, puis a développé une approche où les parties transparentes peuvent être travaillées/sculptées dans de la résine acrylique. Cette évolution n’est pas un détail : on passe d’une transparence “coulée” à une transparence taillée, donc plus contrôlable, plus nette, presque “architecturale”.
“Let go of everything” (2024)
Des scènes tendres… et légèrement inquiétantes
Ses personnages (souvent jeunes femmes ou jeunes filles) ont des expressions de curiosité, de pensée, parfois une inquiétude légère, comme si elles vous avaient surpris en train d’exister dans leur salon.
“Causality” (2021)
Et le trouble vient aussi des situations : chez Ayako Kita, l’émotion devient littérale. Dans “me & me” (2020), un “double” semble attaché au corps, comme une version parallèle qui refuse de décrocher.
“me & me” (2020)
Dans “Premonition” (2022), un souffle de vent et une posture suffisent à installer l’idée qu’un micro-événement peut faire basculer l’humeur.
Ses pièces récentes ajoutent des objets domestiques (rideau, luminaire, marches), et d’un coup ce n’est plus juste une sculpture : c’est un fragment d’histoire, comme un diorama mental où l’instant est “verrouillé” dans une matière transparente.
“Premonition” (2022)
Si vous aimez ce genre de sculptures sur 2tout2rien…
Dans un registre différent, mais jouant également avec l’acrylique ou le bois et la résine :
• Les objets étranges de Joyce Lin
• Les meubles en pierre et verre acrylique par Eduard Locota
• Les œuvres de pierre et de verre de Ramon Todo
• Les sculptures minimalistes d’animaux de bois et de résine de Yurii Myketka
Sources pour aller plus loin
• Le compte Instagram de l’artiste
• Le compte Instagram de FUMA Contemporary Tokyo
• Colossal
• Bunkyo Art
• ArtGuide







