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James Cook, sculpteur sud-africain : quand le bronze se met à respirer

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Le sculpteur sud-africain James Cook travaille un matériau qui n’est pas franchement réputé pour sa légèreté : le bronze. Et pourtant, ses œuvres donnent l’impression de flotter, de se fragmenter dans l’air, comme si la matière avait décidé de respirer. Entre réalisme et abstraction, il crée des corps troués, fissurés, ouverts… non pas pour les “casser”, mais pour laisser au regard un rôle actif : compléter, imaginer, ressentir.

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Au départ, Cook s’est formé au réalisme et à la représentation du corps, attiré par la précision technique. Puis il a cherché autre chose qu’un simple “waouh, c’est bien fait” : une sculpture qui implique vraiment le spectateur. Cette idée de présence construite à partir de l’absence rappelle d’ailleurs d’autres artistes déjà croisés sur 2tout2rien : les silhouettes en désintégration de Regardt Van Der Meulen ou les voyageurs “manquants” de Bruno Catalano. Chez James Cook, le vide n’est pas un accident : c’est le moteur.

Pourquoi le bronze ? Durabilité, finesse… et “peau” vivante

Le bronze a quelque chose d’un peu paradoxal : c’est lourd, durable, presque éternel… et pourtant Cook s’en sert pour produire un effet de fragilité, comme si la forme tenait à un fil. Le choix est aussi très pragmatique : le bronze supporte des détails fins, résiste dans le temps, et permet des sculptures ambitieuses sans craindre qu’un séchage capricieux vienne tout fissurer.

Mais l’arme secrète, c’est la patine. À ce stade, le bronze devient presque pictural : par chauffe et réactions chimiques, la surface prend des nuances, des profondeurs, des textures. On n’est plus seulement dans le volume, on est dans une “peau” qui raconte quelque chose. (Oui, une peau en métal. Les artistes ont parfois des goûts étranges, mais on leur pardonne.)

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Un résultat aérien… construit avec une méthode d’orfèvre

Les œuvres de James Cook ont souvent un look “léger”, mais leur fabrication est tout sauf improvisée. Il décrit un processus typique basé sur la fonte à la cire perdue, avec des étapes très structurées.

Tout commence par une armature (souvent acier + fil) qui sert de squelette. Il pose ensuite des volumes en mousse expansive, puis affine les formes avec une couche de cire/argile de modelage. Vient alors le moulage : un moule en silicone (pour capturer le détail) maintenu par une coque rigide en fibre de verre + résine.

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Ensuite, on passe au cœur de la “cire perdue” : on fabrique une réplique en cire, on lui ajoute un système d’alimentation (gates) pour guider le métal, puis on l’enrobe d’une coquille céramique par trempages successifs. La cire est éliminée par chauffe, et le bronze en fusion prend sa place. Après refroidissement : casse de la coque, assemblage, soudures, et la phase de fettling (ponçage/finition) qui fait disparaître les cicatrices pour retrouver une continuité de surface.

Ce goût pour les matériaux et les illusions de présence fait écho à une autre approche que vous avez déjà sur 2tout2rien : la disparition en fil et les silhouettes “qui s’évaporent” chez Lene Kilde. Chez Cook, on reste dans le bronze, mais l’effet recherché est étonnamment proche : rendre visible ce qui est fragile.

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“The Space Between Us” : l’espace qui dit l’essentiel

Une pièce emblématique, The Space Between Us, résume très bien son langage : deux figures semblent liées, presque enlacées… mais un vide persiste entre elles. Pour Cook, cet espace peut représenter la tension, l’énergie et le manque lorsque deux personnes sont séparées et pensent à se retrouver. Et c’est là que ça devient intéressant : ce vide n’est pas “un trou”, c’est un sens possible. Le spectateur comble, interprète, projette. Autrement dit : votre cerveau finit l’œuvre, et ce n’est pas facturé en supplément.

Cook explique aussi qu’une sculpture peut lui demander des mois (souvent autour d’un semestre) entre conception, fabrication, finitions et patine. On comprend mieux pourquoi ses œuvres ont cette impression de “justesse” : elles ne sont pas pressées.

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Mythologie grecque, relations humaines : des thèmes anciens, une forme neuve

James Cook revendique une inspiration forte pour la mythologie grecque, autant pour ses récits de transformation et de tension que pour son héritage sculptural. Mais il y injecte une lecture très contemporaine : amour, distance, fragilité, ambiguïtés des relations. L’Antiquité lui offre des archétypes ; lui, il les rend instables, fragmentés, humains.

Et si vous aimez quand la matière devient presque “psychologique”, vous pouvez aussi (dans un autre registre) aller voir Tomohiro Inaba sur 2tout2rien : là, c’est le fer qui se fait émotion, avec une intensité assez hypnotique.

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Sources pour aller plus loin

Toutes les photos: crédits James Cook.

• Le site web de l’artiste
• Son compte Instagram
• Une interview sur My Modern Met

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