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Kasaba : la coiffe monumentale des femmes Yomut photographiées à Krasnovodsk en 1883

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Deux regards, zéro sourire forcé, et une élégance qui ferait passer n’importe quel dress-code “tenue correcte exigée” pour une blague. Sur une photographie datée de 1883, des femmes Yomut (Yomud) posent à Krasnovodsk, sur la mer Caspienne, dans l’actuel Turkménistan.
La ville s’appelle aujourd’hui Türkmenbaşy (renommée en 1993), ce qui explique pourquoi l’image circule sous deux noms différents selon les sources.

Mais ce qui hypnotise vraiment, c’est la kasaba (aussi transcrite ḵasaba/khasaba), une coiffe haute et richement ornée : un objet de costume qui a le culot d’être à la fois bijou, signal social… et petite prouesse d’ingénierie textile.

Femmes Yomut portant la coiffe kasaba, Krasnovodsk (Türkmenbaşy), 1883

Une coiffe qui parle avant vous

Ce portrait évoque clairement un “haut statut” : la charge symbolique de l’ensemble (argent, pierres, broderies) saute aux yeux, et la kasaba y apparaît comme bien plus qu’une coiffe décorative. C’est un marqueur d’identité, de rang et de fierté culturelle.

C’est exactement ce que les bons portraits ethnographiques réussissent : montrer comment une société encode des informations (âge, rang, événements de vie) dans la silhouette. Dans un autre registre, mais avec la même puissance visuelle, vous pouvez faire le parallèle avec ces portraits de femmes Padaung (“femmes girafes”) : la parure y devient carrément une grammaire du corps.

kasaba la coiffe monumentale des femmes yomut photographiees a krasnovodsk en 1883 2

Kasaba : une architecture en soie… montée sur armature

Détail délicieux : ce “monument” n’est pas juste empilé au hasard. L’Encyclopaedia Iranica décrit un type de haute coiffe formelle (environ 20 cm de haut) faite de soie enroulée autour d’une armature cylindrique de tiges végétales (rushes), et mentionne explicitement “l’ancienne Yomut ḵasaba” comme point de comparaison historique.
Autrement dit : même si la kasaba de la photo paraît hors normes, elle s’inscrit dans une tradition technique documentée (armature + textile + plaques d’argent).

Et cette logique du vêtement qui “fabrique” une silhouette reconnaissable n’est pas réservée à l’Asie centrale. En Europe aussi, certaines pièces traditionnelles transforment la personne en symbole ambulant — comme le capote e capelo des Açores, cette cape à capuchon qui annonce l’origine au premier coup d’œil.

kasaba la coiffe monumentale des femmes yomut photographiees a krasnovodsk en 1883 3

Argent, cornaline, turquoise : beauté, protection… et assurance-vie

Sur la photo, les ornements métalliques font presque autant de “bruit visuel” que la coiffe elle-même. Et ce n’est pas un hasard : le Met rappelle que les bijoux turkmènes en argent portent des significations profondes et marquent des passages de vie, avec des croyances protectrices associées aux formes et matériaux.

Le Textile Research Centre (Leiden) va encore plus loin en décrivant le bijou comme une sorte d’ “assurance vie” : porté en masse, il représente une sécurité financière, au point qu’une jeune mariée peut porter jusqu’à 7 kg de bijoux en argent pendant les festivités.
Oui, “se mettre sur son 31” pouvait littéralement demander des lombaires solides.

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Qui est derrière l’objectif ?

Sur Wikimedia Commons, l’image (en tête d’article) est datée 1883 et attribuée au photographe géorgien Alexander (Aleksandre) Roinashvili.
Les archives nationales géorgiennes décrivent d’ailleurs sa collection comme composée de photos prises au XIXe siècle (années 1870–1890), incluant aussi des images à contenu ethnographique — pile le type de travail auquel ce portrait correspond.

Sources pour aller plus loin

Wikimédia
Iranica
Met Museum
National Archives of Georgia
Leiden

Et puisqu’on est au Turkménistan, impossible de ne pas citer un autre emblème national qui joue, lui aussi, dans la catégorie “prestance maximale” : l’Akhal-Téké, ce cheval mythique au look presque métallique.

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