Il y a des œuvres qui vieillissent comme le lait. Et puis il y a La Grande Vague de Katsushika Hokusai, qui vieillit comme… un tsunami : plus le temps passe, plus elle devient intimidante.
Le 22 novembre 2025, un exemplaire de Under the Wave off Kanagawa (son vrai nom, mais “La Grande Vague” va plus vite à dire) a été vendu HK$21,7 millions (≈ 2,8 M$) chez Sotheby’s à Hong Kong, un record pour ce motif déjà ultra-collectionné.
La Grande Vague de Kanagawa par Katsushika Hokusai via Wikimédia (domaine public)
Une feuille de papier, des blocs de bois, et une précision de robot… sans robot
On parle ici d’une estampe ukiyo-e : le dessin est découpé en plusieurs blocs de bois (au moins un bloc “clé” pour les contours, puis des blocs pour chaque couleur), et l’image est imprimée par superpositions, passage après passage. Résultat : une production “en série”, mais où chaque tirage peut varier (encrage, pression, humidité du papier, usure des blocs). C’est exactement ce qui rend certains exemplaires beaucoup plus désirables que d’autres.
Le tirage de 2025 venait de la vente “Masterpieces of Asian Art from the Okada Museum of Art”, annoncée comme un événement majeur : 28 octobre – 22 novembre 2025 à Hong Kong.
Pourquoi cet exemplaire a explosé les estimations ?
Parce qu’en matière d’estampes, “La Grande Vague” n’existe pas : il existe des “Grandes Vagues”. Certaines sont tardives, plus fades, avec des détails moins nets. D’autres sont des impressions précoces, plus “nerveuses”, avec des noirs bien dessinés et des bleus profonds. Avec seulement 130 exemplaires survivants sur environ 8 000 impressions originales, l’état « bien préservé » de cet exemplaire le rend particulièrement précieux.
Et comme souvent, plus l’exemplaire est “muséal”, plus les enchères deviennent… sportives. Cette œuvre iconique de la série Trente-six vues du mont Fuji , imprimée vers 1831, a du coup emballé les collectionneurs en dépassant presque trois fois l’estimation haute.
Voici la vidéo des enchères pour cet œuvre iconique:
L’ingrédient secret : un bleu venu d’ailleurs
Visuellement, la vague doit énormément à un pigment : le bleu de Prusse. Ce bleu synthétique, plus stable et intense que beaucoup de bleus traditionnels, a marqué la période et a contribué à cette sensation de froid, de profondeur, et de puissance.
“White glove sale” : quand tout part, et que la salle applaudit
La vente Okada n’a pas seulement fait parler d’elle pour Hokusai : elle s’est terminée en “white glove” (100% des lots vendus), pour un total d’environ HK$688 millions (≈ 88 M$) et 125 lots. Parmi les faits marquants, Fukugawa sous la neige de Kitagawa Utamaro s’est vendu pour 7,1 millions de dollars, tandis que des céramiques rares de Chine, Japon et Corée, couvrant 3 000 ans d’histoire, ont aussi brillé.
C’est le genre de soirée où l’on comprend que l’art, parfois, se négocie comme une Formule 1 : très vite, très cher, et avec une tension palpable.
D’ailleurs, si vous aimez les chiffres qui donnent le vertige, vous aviez peut-être déjà croisé sur 2tout2rien.fr une autre histoire de prix hors-sol : Villa Aurora, la maison la plus chère du monde. Même combat : un objet rare + une histoire + un symbole = une échelle de prix qui se met à parler une langue inconnue.
La Grande Vague : icône de musée… et star du dressing
L’œuvre n’est pas seulement “une image célèbre” : c’est une image devenue langage. On la voit partout, et pas seulement encadrée. Elle a envahi la culture pop, des objets du quotidien aux détournements, ce qui renforce encore son aura d’icône globale.
Et forcément, quand une œuvre devient un symbole mondial, elle finit sur des objets très concrets (qui, eux, prennent bien les embruns). Sur 2tout2rien.fr, vous avez déjà exploré ce pont entre art et streetwear, par exemple avec Converse : La Grande Vague de Kanagawa. Dans la même veine, si votre côté “collectionneur de belles chaussures” se réveille, il y a aussi une magnifique collection Doc Martens Hokusai : preuve que la vague sait aussi marcher sur le bitume sans perdre son panache.
Ce que cette vente dit du marché (et de nous)
Qu’une estampe du XIXe siècle se vende à ce niveau en 2025 n’est pas juste une anecdote : c’est le signe que les collectionneurs recherchent des œuvres à la fois mythiques, rares dans cet état, et immédiatement reconnaissables. La Grande Vague coche toutes les cases : technique, beauté, récit, et une puissance visuelle qui traverse les époques.
Bref : Hokusai n’a pas seulement dessiné une vague. Il a dessiné une image qui, deux siècles plus tard, continue de faire monter la marée… jusque dans les salles de vente.
Sources pour aller plus loin
• Sothebys
• Observer
• Sothebys Realty
• the Guardian
Icône de pop culture aux enchères, découvrez également celles de Kitt de K2000.
