Nichée au sud du Burkina Faso, près de la frontière avec le Ghana, la commune de Tiébélé abrite un patrimoine architectural exceptionnel : les habitations traditionnelles du peuple Kassena.
Ces cases, ornées de fresques géométriques, témoignent d’une culture ancestrale préservée depuis le XVe siècle.
Tiébélé : un village historique et une organisation sociale
Tiébélé abrite la plus grande chefferie du pays Kassena, un des plus anciens groupes ethniques du Burkina Faso, installé dans la région depuis le XVIe siècle.
Le village s’organise autour de la cour royale, un ensemble architectural en terre, couvrant une superficie d’environ 1,2 hectare, protégé par un mur d’enceinte, où résident le roi et sa famille.
La cour est divisée en plusieurs secteurs destinés aux différentes catégories sociales, comme le domaine princier ou celui des gardiens des instruments sacrés. Les différentes concessions sont séparées par des murs et des passages menant à des lieux de cérémonies et de rassemblement.
Une architecture et des habitations riches de sens
Les habitations de Tiébélé se distinguent par leur diversité architecturale, chaque type de case étant associé à un moment de la vie ou à un statut social précis
• La case Draa, de forme ronde, est réservée aux hommes célibataires.
• La case Dinian, ou « Maison Mère », en forme de huit, accueille les couples âgés, les veuves, les femmes célibataires et les enfants, et abriterait l’esprit des ancêtre. Elles sont également utilisées pour certains rites funéraires.
• La case Mangolo, de forme quadrangulaire, est dédiée aux jeunes mariés.
Les habitations Kassena sont construites en terre battue, avec des murs épais assurant une isolation thermique efficace contre la chaleur extrême de la région. Les portes d’entrée, souvent basses (environ 80 cm), sont suivies d’un muret à enjamber, une particularité destinée à contrôler l’accès et à distinguer amis et ennemis.
Ce type d’architecture est propre à cette tribu, bien différent d’autres habitations africaines comme par exemple les habitations troglodytiques du Mali.
L’art mural : un savoir-faire transmis par les femmes
La décoration des cases est une tradition ancestrale exclusivement féminine. Chaque année, avant la saison des pluies, les femmes du village, guidées par la doyenne, renouvellent les peintures murales lors d’un travail collectif qui favorise la transmission intergénérationnelle des savoirs
Les motifs géométriques et symboliques peints sur les façades racontent des histoires et traduisent l’identité des habitants :
• Les lignes en croix évoquent les filets à calebasses.
• Les flèches représentent la chasse et la défense.
• La canne symbolise le respect et l’autorité.
• Le serpent et le lézard, totems, sont associés à la famille et à la vie.
• Les triangles pointés vers le bas rappellent les rites funéraires féminins
Les couleurs utilisées proviennent de matériaux naturels : terre rouge, kaolin, graphite. Le blanc symbolise la mort, le noir la terre, le rouge la force et la puissance.
Un patrimoine menacé, témoin d’une culture vivante
Depuis 2012, la Cour royale de Tiébélé est inscrite sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’UNESCO, en raison de sa valeur universelle exceptionnelle et de son témoignage vivant de l’organisation sociale et des pratiques traditionnelles des Kassena. Des efforts sont déployés pour préserver ce site exceptionnel, notamment par le biais d’une association locale qui gère les visites et l’entretien des peintures traditionnelles .
Cependant, le site reste vulnérable aux aléas climatiques et nécessite une attention constante pour assurer sa pérennité. *De plus, depuis la montée de l’insécurité dans la région en 2015, le tourisme s’est effondré, fragilisant l’économie locale et la transmission de ce patrimoine.
En 2009, la photographe Rita Willaert et la blogueuse voyage Olga Stavrakis ont réussi a visité le village de Tiébélé au Burkina Faso, un lieu isolé où peu de personnes ont pu avoir accès. Voici quelques unes des jolies cases décorées du village de Tiébélé peuplé par les Kassena au Burkina Faso prises lors de leur périple:
Toutes les photos: crédits Rita Willaert (CC BY-NC 2.0).
Sources pour aller plus loin
• Unesco.
• Wikipédia.
• site web de Olga Stavrakis.
• Le routard.
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Pour être exact, le village n’est pas si isolé que ça : situé à la frontière du Ghana (500 kilos de Ouagadougou, quand même, en pays Gourounsi), autour d’une case royale et sa cour ; assertion qui se devine d’ailleurs sur l’une des photo où passe l’électricité. La force et la faiblesse de la photographie : le cadrage. Je vous conseille (on y voit « peindre » collectivement, les murs de latérite) : http://amedeoliberatoscioli.blogspot.fr/2014/07/tiebele-burkina-faso-africa.html
merci en tout cas pour ces informations, l’endroit est magique!!