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Voir sa vie défiler avant de mourir : ce que l’EEG a (vraiment) enregistré

“J’ai vu ma vie défiler avant de mourir.” On dirait une réplique de cinéma… sauf que la science a récemment récupéré un bout de pellicule. Pas en images, non : en ondes cérébrales. Grâce à un enregistrement rarissime d’EEG (électroencéphalogramme) capté juste avant et juste après un arrêt cardiaque chez un humain, la question “peut-on vraiment voir sa vie défiler avant de mourir ?” revient sur la table, avec des données plutôt qu’avec des frissons.

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Image d’illustration / 2tout2rien.

Le jour où un EEG a enregistré une mort

Depuis des décennies, les récits d’expériences de mort imminente parlent d’un « film de la vie » qui se déroulerait en accélération au seuil de la mort. En 2022, une équipe internationale a apporté les premiers éléments scientifiques capables de donner un fondement réel à cette idée.

L’histoire ressemble à un accident de laboratoire (au sens littéral). En 2016, une équipe de Vancouver enregistre l’activité cérébrale d’un patient âgé (87 ans), suivi pour épilepsie. Pendant la mesure, il fait un arrêt cardiaque fatal. Résultat : plusieurs minutes de signal (900 secondes précisément) ont été sauvegardées, dont une fenêtre précieuse d’environ 30 secondes autour de l’arrêt du cœur. Or, dans ce passage critique, l’EEG ne montre pas juste un effondrement brutal : il révèle des signatures d’activité qui, chez un sujet vivant, sont parfois associées au rêve, à la méditation, ou à des processus liés au rappel de souvenirs.

Si vous avez déjà vu à quel point le cerveau est une “ville” plus qu’un “organe”, vous comprendrez pourquoi ça intrigue : pour se faire une idée, notre article sur la cartographie du cerveau humain (Google + Harvard) donne un bon vertige utile, celui qui empêche de conclure trop vite.

Les ondes gamma : le sprint électrique du cerveau

Le point le plus commenté concerne les ondes gamma (souvent décrites entre 30 et 100 Hz), des oscillations rapides régulièrement liées, dans la littérature, à l’intégration d’informations et à certains aspects de l’attention et de la mémoire. Dans ce cas, les chercheurs observent des changements en gamma, mais aussi dans d’autres bandes (delta, theta, alpha, bêta). Dit autrement : quand le corps décroche, le cerveau peut encore produire un motif d’activité qui ressemble à ce qu’on voit parfois quand il “travaille” des contenus internes.

C’est là que naît l’hypothèse qui colle à l’expression “voir sa vie défiler avant de mourir” : une réactivation ou réorganisation de souvenirs pourrait se produire au moment où le cerveau bascule vers l’hypoxie (manque d’oxygène). Attention cependant : l’EEG ne lit pas des scènes, il mesure des rythmes. On ne peut pas affirmer “il revoyait son mariage” ou “il repensait à ce jour où il a dit je commence lundi”.

Ce que l’étude ne prouve pas (et que les titres adorent suggérer)

Ici, la prudence est notre meilleure amie (et elle n’est pas rabat-joie). On parle d’un seul cas, chez une personne âgée, avec une épilepsie qui peut influencer l’activité cérébrale. Et même si l’EEG évoque des états liés à la mémoire, il ne permet pas de conclure que “la vie défile” comme un montage chronologique. Le plus honnête, c’est : le cerveau peut montrer une activité organisée juste avant/après un arrêt cardiaque, compatible avec des processus qu’on associe parfois à la mémoire.

Cette tentation de vouloir une mesure simple pour un mystère complexe, on la connaît bien : les “21 grammes”, le prétendu poids de l’âme est un excellent rappel historique de nos raccourcis favoris. Ici, on ne pèse pas l’âme : on enregistre un signal… et on doit résister à l’envie de le transformer en scénario.

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Images d’illustration / 2tout2rien.

Un dernier sursaut… pas uniquement chez l’humain

Des travaux chez le rat dans une étude de 2013 ont déjà montré une augmentation transitoire d’activités hautes fréquences et une cohérence particulière du signal dans les secondes suivant un arrêt cardiaque expérimental.
• Juste avant et jusqu’à 30 secondes après l’arrêt cardiaque, les rats se présentent égalementune forte activité en ondes gamma.
​• Le profil des signaux est étonnamment proche de celui observé chez le patient humain, suggérant que le cerveau pourrait rester brièvement « hyper‑organisé » au moment de mourir

Ce n’est pas la preuve d’un “film de souvenirs” universel, mais c’est cohérent avec l’idée qu’un cerveau en crise peut produire un ultime épisode d’activité structurée.

Peut-on voir sa vie défiler avant de mourir?

Au-delà du sensationnel, mieux comprendre cette phase limite intéresse directement la réanimation, les soins de fin de vie, et la manière dont on définit la chronologie de l’extinction cérébrale.

Alors, peut-on voir sa vie défiler avant de mourir ? La science ne peut pas le confirmer “en images”. En revanche, elle commence à montrer que, dans certains cas, le cerveau pourrait entrer dans un état d’activité compatible avec des processus de mémoire juste avant (et/ou juste après) l’arrêt du cœur. C’est moins spectaculaire qu’un film, mais beaucoup plus intéressant : un dernier sursaut de complexité… au moment précis où tout devrait être simple.

Sources pour aller plus loin

• L’étude dans Frontiers in Aging Neuroscience en 2022.
Ecole de médecine de Louisville.
PNAS.

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